XIV ème siècle
 
Histoire
Les Dauphins
 

 
 
1302 - JEAN II
Jean II, fils de Humbert et de Béatrix reçut, le 18 Avril après l’inhumation de son père, l’hommage des Seigneurs du Dauphiné qui avaient assisté à cette cérémonie. Il avait porté jusqu’alors le titre de Comte de Gapençois. Un moderne dit qu’il fit la Campagne de Flandres en 1302 pour le service du roi Philippe le Bel et qu’il reçut de ce Prince, outre une somme principale de dix mille livres pour les frais de la guerre, une rente annuelle sur le Temple à Paris qui fut augmentée d’une autre de deux mille livres par le roi Louis Hutin. Mais le Président de Valbonnais, qu’il cite en preuve, ne parle point de cette campagne et donne pour motif de ces gratifications les guerres que le Dauphin était obligé de soutenir contre les princes ses voisins, partisans des Anglais. De ce nombre était Amédée V, Comte de Savoie. Le Dauphin avait hérité de son père une guerre avec lui touchant leurs prétentions respectives sur la mouvance de différentes terres. Des arbitres réussirent enfin à leur faire conclure, le 10 juin 1314 un traité de paix qui fut suivi, le 17 octobre de la même année, d’un traité d’alliance entre eux pour la défense du Royaume d’Arles contre ceux qui voudraient l’envahir ou l’entamer. (Valbonnais p. 156 et 157).

Le Dauphin était fort alors par l’acquisition qu’il avait faite de la suzeraineté du château de Villars au mois de septembre 1308. Il y ajouta celle du Comté de Genève ; dont le Comte Guillaume lui fit hommage lige le 16 juin 1316. On sait que les vassaux étaient obligés de suivre leur Suzerain à la guerre avec leurs troupes. L’an 1317, Raymond, Baron de Meuillon, étant près de faire le voyage d’outre-mer, fit donation de sa terre, le 2 septembre au Dauphin Jean, qui en était déjà suzerain par l’hommage que son père en avait obtenu .

Le Dauphin Jean fit exécuter à la rigueur les Constitutions que le Pape Jean XXII avait publiées contre l’usure. On refusait en Dauphiné la sépulture ecclésiastique aux usuriers publics. Le Dauphin s’étant rendu à la Cour d’Avignon, mourut à son retour, le 5 mars 1319 (N.S.) au Pont de Sorgues, petite ville à une lieue d’Avignon, à l’âge de 38 ans. De Béatrix, fille de Charles Martel, roi de Hongrie, qu’il avait épousée l’an 1296, il laissa Guigues, qui suit et Humbert avec une fille nommée Catherine. La mère de ces enfants, cinq jours après la mort de son mari, entra dans l’ordre de Citeaux et devint abbesse de Val-Bessen, dignité dont elle se démit le 15 février 1340. Elle choisit alors pour sa retraite l’abbaye des Hages, d’où elle sortit dans la suite. Son fils Humbert qui s’était fait Dominicain, fonda l’an 1349, sur ce qu’il s’était réservé, un Monastère de Filles de Citeaux à Saint Just, transféré depuis à Romans. Ce fut là qu’elle mourut en 1354.

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1319, GUIGUES VIII
Guigues VIII, fils aîné de Jean II, lui succéda à l’âge de neuf ans, sous la tutelle et régence de Henri de la Tour, son oncle, élu Evêque de Metz. L’an 1323, il épousa le 17 Mai, Isabelle fille du roi Philippe le Long à laquelle il avait été fiancé dès le 16 juin 1316. On raconte que le seigneur de Sassenage, l’un des vassaux du Dauphin, étant venu faire la demande de la Princesse, un maître d’hôtel du Roi, lui dit brutalement " qu’une si belle Dame n’était pas faite pour un gros cochon comme le Dauphin " injure dont l’ambassadeur vengea sur le champ son Prince en perçant de son épée le maître d’hôtel et le renversant mort à ses pieds. Le Comte de Savoie, qui se trouvait pour lors à Paris, donna retraite au meurtrier et fit sa paix avec le roi (Mizerai).

L’an 1325, Guigues se déclara pour Hugues de Genève, seigneur d’Authon, son vassal contre Edouard, Comte de Savoie qui lui faisait la guerre. Edouard les battit deux fois ; mais la même année, ils remportèrent sur lui une victoire considérable, le 9 Août, dans la plaine de Saint Jean le Vieux, devant le château de Varei dont il faisait le siège. Entre les prisonniers que fit le Dauphin, les plus distingués furent Jean de Chalon Comte d’Auxerre ; Robert de Bourgogne Comte de Tonnerre ; et Guichard sire de Beaujeux qu’il ne relâcha que longtemps après et moyennant de fortes rançons. L’an 1328, après une trêve conclue avec Edouard, par ordre du roi Philippe de Valois, Guigues, accompagné de Henri, son oncle, suivit ce Monarque en Flandres avec les troupes qu’il menait à son secours et combattit à la bataille de Montcassel, donnée le 28 Août de cette année. Henri son oncle, mourût peu de temps après son retour en Dauphiné.

Aymon, successeur d’Edouard, ayant renouvelé la guerre contre le Dauphin, Guigues alla assiéger le château de la Perrière. Il y reçut une blessure dont il mourut le lendemain, 28 juillet 1333 (1) à l’âge de 24 ans, sans laisser d’enfant de son mariage. Isabelle, sa veuve, se retira en Franche-Comté, où elle épousa en secondes noces, Jean Baron de Francognei (voyez. Edouard dit Aymon Comte de Savoie)).

1) La plupart de ceux qui ont parlé de la mort de Guigues VIII l’ont mise au 25 ou 26 du mois d’août 1333. L’inscription de son tombeau qu’on a voulu restituer et qui se lit dans l’église St André de Grenoble, au-dessus des sièges des Chanoines, s’éloigne encore davantage de la véritable date de cette mort qu’elle suppose arrivée le 30 août L’historien Villani qui paraît avoir été mieux instruit, rapporte cet événement en ces termes :" Nel anno 1333 all’uscita del messe di luglio, essendo all’assedio della Pereira, castello di Savoia, con mille cinque cente cavalieri". Mais le testament que GUIGUES fit le jour même de sa mort dans une grange où il avait été porté, ne laisse aucun doute là dessus. Il est daté de l’an 1333, dié Mercurii post festum B. Mariae Magdalenae, ce qui marque le 28 juillet (Valbonnais pr. P. 237)

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